Si nous voulons une nouvelle société où l’économie et la politique soient subordonnées au développement humain, ce sont les exigences de l’individu non aliéné et orienté vers l’être qui doivent en déterminer le modèle. Il ne faut ni laisser l’homme vivre dans une misère inhumaine – problème encore majeur pour une grand partie de l’humanité – ni le contraindre à vivre en homo consumens, problème majeur des classes aisées du monde industriel, les lois de la production capitaliste exigeant une croissance continue de la production et imposant, par là, une consommation accrue. Un changement radical du système économique est indispensable pour qu’un jour l’homme soit libre et cesse d’alimenter l’industrie par un besoin pathologique de consommer. Nous devons mettre fin à la situation actuelle où une économie saine n’est possible qu’au prix de conditions malsaines pour l’être humain et prendre à tâche de construire une économie pure pour des populations saines.
1. Un progrès sensible vers cet objectif serait que la production vise à une « consommation saine ».
2. Une consommation saine n’est possible qu’à condition de restreindre de façon drastique du droit des actionnaires et des dirigeants de grosses entreprises à quantifier leur production sur la seule base du profit et de la croissance.
3. Une société fondée sur le mode être de l’existence suppose que tous les individus y participent activement et soient pleinement conscients de leurs responsabilités économiques, comme de leurs devoirs de citoyens. Notre libération du mode d’existence orienté vers l’avoir n’est possible que dans une démocratie industrielle et politique, fondée sur la participation.
4. La participation active à la vie politique exige le maximum de décentralisation industrielle et politique.
5. La participation active et responsable exige, en outre, la substitution d’un management humaniste à un management bureaucratique.
6. Toute méthode de lavage de cerveau doit être prohibée dans la publicité industrielle et politique.
7. Le gouffre qui sépare les nations riches des nations pauvres doit être comblé.
8. La progression du mal serait entravée dans toutes les sociétés actuelles, si nous instaurions un revenu annuel minimum garanti.
9. Les femmes doivent se libérer de la domination patriarcale.
10. Un Conseil culturel suprême doit être créé. Il serait chargé de conseiller le gouvernement, les politiques et les citoyens dans toute affaire impossible à régler sans le recours à une compétence spécifique.
11. Il faut également établir un système efficace de diffusion d’informations objectives.
12. La recherche scientifique fondamentale doit être indépendante de toute application à l’industrie et à la défense.
13. Une condition sine qua non à la constitution d’une nouvelle société est le désarmement atomique.
Les chances de changement sont minces, mais celui-ci est nécessaire et doit être à la fois humain et social. Le seul espoir est l’effet tonique émanant d’une nouvelle vision de l’homme et de la société. Les réformes qui ne changent pas le système de fond en comble sont inutiles à long terme, car il leur manque la force envoûtante des motivations profondes. Un objectif « utopique » peut être, en l’occurrence, plus réaliste que le « réalisme » des dirigeants actuels. L’avènement de la société nouvelle et du Nouvel Homme n’est possible que si les nouvelles motivations – être, partager, comprendre – suppléent les anciennes – le profit, le pouvoir et le raisonnement intellectuel ; que si le caractère mercantile disparaît en faveur du caractère productif et aimant ; que si la religion cybernétique, enfin, cède la place à un nouvel esprit humaniste radical.
1. Un progrès sensible vers cet objectif serait que la production vise à une « consommation saine ».
2. Une consommation saine n’est possible qu’à condition de restreindre de façon drastique du droit des actionnaires et des dirigeants de grosses entreprises à quantifier leur production sur la seule base du profit et de la croissance.
3. Une société fondée sur le mode être de l’existence suppose que tous les individus y participent activement et soient pleinement conscients de leurs responsabilités économiques, comme de leurs devoirs de citoyens. Notre libération du mode d’existence orienté vers l’avoir n’est possible que dans une démocratie industrielle et politique, fondée sur la participation.
4. La participation active à la vie politique exige le maximum de décentralisation industrielle et politique.
5. La participation active et responsable exige, en outre, la substitution d’un management humaniste à un management bureaucratique.
6. Toute méthode de lavage de cerveau doit être prohibée dans la publicité industrielle et politique.
7. Le gouffre qui sépare les nations riches des nations pauvres doit être comblé.
8. La progression du mal serait entravée dans toutes les sociétés actuelles, si nous instaurions un revenu annuel minimum garanti.
9. Les femmes doivent se libérer de la domination patriarcale.
10. Un Conseil culturel suprême doit être créé. Il serait chargé de conseiller le gouvernement, les politiques et les citoyens dans toute affaire impossible à régler sans le recours à une compétence spécifique.
11. Il faut également établir un système efficace de diffusion d’informations objectives.
12. La recherche scientifique fondamentale doit être indépendante de toute application à l’industrie et à la défense.
13. Une condition sine qua non à la constitution d’une nouvelle société est le désarmement atomique.
Les chances de changement sont minces, mais celui-ci est nécessaire et doit être à la fois humain et social. Le seul espoir est l’effet tonique émanant d’une nouvelle vision de l’homme et de la société. Les réformes qui ne changent pas le système de fond en comble sont inutiles à long terme, car il leur manque la force envoûtante des motivations profondes. Un objectif « utopique » peut être, en l’occurrence, plus réaliste que le « réalisme » des dirigeants actuels. L’avènement de la société nouvelle et du Nouvel Homme n’est possible que si les nouvelles motivations – être, partager, comprendre – suppléent les anciennes – le profit, le pouvoir et le raisonnement intellectuel ; que si le caractère mercantile disparaît en faveur du caractère productif et aimant ; que si la religion cybernétique, enfin, cède la place à un nouvel esprit humaniste radical.
Erich Fromm, «To Have Or to Be? », 1976.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire