17 avril 2012

Uranus-Pluton : activisme populaire et populisme


Uranus, la planète découverte en 1781 au moment des grandes révolutions et de la culmination du mouvement philosophique, culturel et scientifique des Lumières, transite depuis mars 2011 le Bélier qui est le signe du « printemps » et du renouveau, de l’indépendance et de l’activisme. Pluton, découvert en 1930 et relié au principe de mort/renaissance, à la volonté de pouvoir et aux instincts primordiaux, transite le Capricorne de 2008 à 2023, un transit qui correspond à l’effondrement et à la transformation des structures de la société, plus précisément des systèmes politiques et financiers qui sont dégénérés et corrompus. 


Avec le carré croissant entre ces deux planètes collectives, exact de 2012 à 2015 et qui est en orbe de 2007 à 2020, autant dire que nous vivons une période exceptionnelle durant laquelle de puissantes énergies radicales sur lesquelles nous n’avons aucun contrôle s’activent l’une l’autre et interagissent. L’univers étant un immense champ unifié, une matrice énergétique dans laquelle nous sommes contenus, cette « géométrie » planétaire nous impacte tous directement. C’est ainsi que sur la Terre de grandes masses de population sont mues comme des marionnettes et répondent par la même à une économie cosmique qui nous échappe largement. Mais ceci est une autre histoire…

S’agissant de cet article, et alors que se dessinent des élections ou des changements politiques majeurs au sein de plusieurs pays ayant du poids sur l’échiquier mondial, j’aimerais revenir sur certains événements intervenus au moment de la crise financière de 2008 et qui se sont intensifiés en 2011 ; des événements qui traduisent la montée au sein des populations de forces contestataires soit conservatrices, soit révolutionnaires et émancipatrices, tels l’apparition du Tea Party aux Etats-Unis, la montée de l’islamophobie dans de nombreux pays européens, le Printemps arabe, l’émergence sensible de la contestation en Chine et en Russie, ainsi que les mouvements des Indignés et de l’OWS (Occupy Wall Street) très actifs dans les réseaux sociaux.

Ce à quoi nous assistons est une montée en voix des populations mécontentes. Partout sur le globe et amplifiée par la puissance d’Internet, la contestation est en marche et se fait entendre. Mais il faut selon moi faire la différence entre deux types de contestation : l’une populaire et l’autre populiste. Comme un curieux mélange des années 1930 et des années 1960.

Comment agit le complexe Uranus-Pluton

Lors de chacune des phases du cycle Uranus-Pluton — comme pour tout autre cycle planétaire —, les archétypes associés à chacune des deux planètes s’activent et s’influencent mutuellement.

Uranus —> Pluton : Uranus libère ou éveille ce qui vient des profondeurs, ce qui est refoulé, les instincts primordiaux, libidinaux, agressifs, destructeurs et transformateurs. 
Pluton ­—> Uranus : Pluton donne du pouvoir et intensifie le principe prométhéen de rébellion et de liberté, d’émancipation, d’innovation et d’éveil.

De surcroît, selon l’astrologue et historien Richard Tarnas :
- le principe prométhéen associé à Uranus agit en libérant ou en éveillant soudainement ce qu’il touche avec des conséquences inattendues, déstabilisantes, novatrices et émancipatrices ;
- le principe dionysiaque nietzschéen associé à Pluton agit en donnant du pouvoir et en intensifiant ce qu’il touche avec des conséquences profondément transformatrices et parfois accablantes et destructrices.

Uranus-Pluton : deux types de contestation

Alors que les manifestations des Indignés ou de l’OWS se revendiquant pour une large part du Printemps arabe rappellent celles des années 1960, la montée des partis populistes d’extrême droite ou d’extrême gauche soutient quant à elle la comparaison avec les années 1930.En schématisant, nous avons l’éveil des consciences et la créativité d’un côté (Uranus), et de l’autre le ressentiment et le replis identitaire conservateur (Pluton).

Dans les années 1930, les mouvements fascistes ont mobilisé les masses. Ils s’adressaient à tous ceux qui se considéraient comme les oubliés ou les victimes du système et prônaient une transformation de la société en mettant l’accent sur des valeurs conservatrices.
Le trouble vient de ce que ces mouvements empruntaient certains éléments aux mouvements révolutionnaires. Ils attiraient à eux des personnes qui souhaitaient vraiment une refonte complète de la société, et souvent avec une composante anti-oligarchique et anti-capitaliste. C’est ainsi que le parti nazi se déclarait national-socialiste.
Mais il n’y avait guère d’appel à la liberté et à l’émancipation. Tout au contraire, il s’agissait d’un retour en arrière vers l’instinct grégaire et les valeurs traditionnelles au rang desquelles l’autorité et le paternalisme arrivent en première place puisqu’il faut dans le même temps favoriser le culte d’une figure charismatique, d’un chef.




Le populisme se nourrit du ressentiment des petits au sens nietzschéen du terme, c’est-à-dire lorsque la rancune des médiocres ou des ratés s’exerce sous le couvert de la morale. Il met en cause une élite ou de petits groupes d’intérêts particuliers qu’il accuse d’avoir confisqué le pouvoir et dans le même temps il s’attaque aux libertés de l’Etat de droit. 
Le populisme est globalement hostile à la culture moderne et il dénonce l’émancipation (la liberté sexuelle, le droit à l’avortement, etc.). 
Il part également du principe que la cohésion d’une société, c’est son identité, laquelle est définie négativement. Autrement dit, on stigmatise ceux qu’il faut exclure, généralement selon des critères raciaux et ethniques ou religieux : les immigrés, les Noirs, les Juifs, les Arabes et l’Islam…

Finalement, ce que le populisme rejette, ce sont justement les idées des Lumières et de la Révolution française : la liberté, l’égalité et la fraternité.

Le maître et l’esclave forment un couple indissociable. Tout autre est le cas de figure d’hommes et de femmes qui sont acteurs et responsables de leur vie. Ce sont des individus à part entière qui s’assument complètement. 
Voilà toute la différence. Voilà aussi le grand enjeu des années à venir. Passer du statut d’esclave ou de victime à celui d’adulte autonome et responsable, quelque soit sa contribution à la société, son statut et sa réussite. 
N’est-ce pas l’un des grands thèmes de la conjonction Uranus-Pluton de 1965-66 dans le signe de la Vierge ? Révolutionner et transformer les mentalités, celle des classes populaires et des minorités, mais plus largement celle des 99,9% qui sont dominés et exploités par les 0,1% des maîtres du monde qui, cela va de soit, sont aussi les plus riches. 

Les exemples du Tea Party et des mouvements des Indignés et de l’OWS

Le Tea Party dont le nom fait référence à la Tea Party de Boston, un événement qui s’est déroulé lors de la révolution américaine à la fin du XVIIIème siècle, est un mouvement politique contestataire apparu au début de la présidence d’Obama et dans le contexte de la crise de 2008. 

Il a pris naissance lors de manifestations organisées contre les plans de sauvetage du secteur bancaire, puis contre la réforme de santé. Il s’oppose à l’Etat fédéral et ses impôts (TEA étant l’abréviation de « Taxed Enough Already »), et réclame un retour à l’esprit des Pères fondateurs ! 
Le Tea Party, qui rassemble notamment des déçus de la société, des partisans de la peine de mort, mais aussi des opposants à l’avortement et des défenseurs de la liberté individuelle, est une mouvance hétéroclite en dehors des partis traditionnels et qui ne se prive pas de grappiller de nombreuses voix aux républicains. Car il s’agit d’un parti populiste, ultra-conservateur et rétrograde, dont les attaques portent aussi très souvent sur les origines métissées du président Obama.

A l’inverse du Tea Party, les mouvements des Indignés et de l’OWS relèvent plutôt de l’activisme populaire. Sans hiérarchie entre les participants, ils appellent de façon non violente à la désobéissance civile et ne sont liés à aucun parti politique ou organisation syndicale. Car justement ce qu’ils dénoncent est le manque de représentativité des systèmes politiques alliés du capitalisme financier.




Le mouvement des Indignés est une série de manifestations spontanées initiées sur les réseaux sociaux et apparues en Espagne à partir du 15 mai 2011. Son nom est inspiré du titre du manifeste « Indignez-vous ! » de Stéphane Hessel et il se revendique du Printemps arabe ainsi que des manifestations anti-gouvernementales liées à la crise qui se sont déroulées en Islande et en Grèce en 2008, puis au Portugal en mars 2011. Ce mouvement a pris une ampleur internationale et une journée mondiale de tous les Indignés a été organisée le 15 octobre 2011.

De leur côté et au cours de l’été 2011, la fondation/magazine Adbusters (1989) ainsi que le collectif Anonymous (2006), qui sont des réseaux d’activistes défendant des causes anti-consuméristes ou anti-capitalistes, ont appelé à manifester contre Wall Street le 17 septembre 2011. Cet appel a été suivi par un millier de personnes manifestant dans les environs de Wall Street avant d’organiser un sit-in dans un parc voisin pendant plusieurs semaines. Le 9 octobre, le mouvement OWS (« Occupy Wall Street ») s’est étendu à l’ensemble des Etats-Unis, puis le 15 octobre à l’ensemble du monde (1500 villes dans 82 pays) en se joignant à tous les Indignés. Les 14 et 15 novembre, les manifestants ont été définitivement expulsés par la police de New-York. Depuis lors, le mouvement survit sur les réseaux sociaux et par des actions ponctuelles.

Ces protestataires pointent un système généralisé qui est devenu plus une ploutocratie et une oligarchie qu’une démocratie. 
Dans ce système, les marchés financiers, les banques et les multinationales font la loi et les échanges ne sont plus fondés sur l’économie réelle mais sur une gigantesque « économie casino ». Les inégalités de revenus entre les super-riches qui en profitent et le reste de la population souffrant d’un chômage de masse devenu structurel sont de plus en plus décomplexées. Et alors même que le sauvetage des banques s’est fait en 2008 avec des fonds publics, transférant ainsi par un tour de passe-passe la dette privée pourrie sur le dos des Etats et des contribuables, les dépenses sociales sont quant à elles par temps de crise de plus en plus diabolisées et revues à la baisse. 
Aussi, les manifestants proclament-ils en une phrase : « Nous sommes les 99% qui ne tolèrent plus l’avidité et la corruption des 1% restant » !

Apparus en 2011 avec l’ingrès d’Uranus en Bélier et alors que le carré Uranus-Pluton était seulement à un degré d’exactitude, ces mouvements sont appelés à perdurer et à se déployer, et peut-être aussi seront-ils amenés à se renouveler les années qui viennent. Car la série de sept carrés exacts laisse penser que nous ne sommes qu’au début d’une période de crise et de transformation profonde doublée, espérons-le, d’une grande créativité.

En 2012, la tenue d’élections présidentielles ou législatives dans plusieurs grands pays (Etats-Unis, France, Russie, Ukraine, Islande, Finlande, Iran, Egypte, etc.) a pour l’instant tendance à réanimer les vieux clivages bipolaires (droite/gauche, réformistes/conservateurs), ce qui fait toujours prospérer les partis politiques et empêche tout éveil. Mais après, tout sera de nouveau ouvert, surtout si les taux d’abstention sont élevés.

Le cas de la France

« L’histoire du XXe siècle nous a déjà montré qu’une société confrontée à une situation économique difficile a le choix entre l’affrontement socio-économique et la désignation de boucs émissaires ethniques ou religieux. Des variables anthropologiques plus profondes que l’économie en décident. Dans une même période, des sociétés parvenues à des niveaux de développement équivalents peuvent prendre des voies différentes. » écrit Emmanuel Todd dans « Après la démocratie ».

Qu’en sera-t-il aujourd’hui et demain ? Le cas de la France est très intéressant à observer, surtout en période d’élections présidentielles.

Appartenant au groupe des trois nations (avec l’Angleterre et les Etats-Unis) au sein desquelles fut conçue la démocratie représentative moderne, c’est elle qui a porté le principe d’égalité le plus loin pour des raisons anthropologiques. La règle d’héritage égalitaire au sein de la famille dominait dans la France du Nord et ce principe d’égalité des enfants fut étendu aux hommes en général, explique Emmanuel Todd. 
Pourtant l’attitude de la France fut plus qu’ambiguë face à l’Allemagne nazie puisque sa collaboration dans la déportation des Juifs fut volontaire, sans parler de cette « France moisie » qui se porte toujours très bien. Alors, que croire ?

Force est de constater que le mouvement des Indignés dénonçant le système économique global ne prend pas en France. Et cela pose question. Soit nous pratiquons tous le déni face à la crise, soit il n’y a vraiment aucune compréhension du système qui dirige la planète ou pire aucune envie d’en changer.

Les sondages révèlent donc qu’une grande partie de la population française est séduite par les extrêmes populistes. Avec d’un côté le retour des vieux discours communistes et de la lutte des classes, et de l’autre la montée du Front national. Deux extrêmes rétrogrades bâtis sur une thématique inégalitaire et non-fraternelle : le rejet des « élites » et la stigmatisation haineuse du « riche » et/ou de l’étranger. 

Nous avons échappé à un riche satyre, socialiste et patron du FMI, mais nous n’échapperons pas (sauf coup de théâtre) à une alliance des socialistes et des communistes comme en 1981 ; ces socialistes qui renoncèrent en 1983 à leurs engagements, trahirent leurs valeurs, et mirent en œuvre toutes les thèses néo-libérales. Les mêmes, n’en doutons pas, finiront par mettre en place les mesures de rigueur prônées par cette idéologie dominante, des mesures que Sarkozy, comble de l’ironie, n’aura pas imposées au peuple français.

Le salut se situe, bien sûr, en dehors des partis politiques, lesquels ne font que reproduire le système actuel parce qu’ils s’en nourrissent comme des parasites. 
Le temps des idéologies, le temps du bla-bla à la Bastille ou à la Concorde est révolu. 
Car le salut réside dans l’éveil des consciences et dans le changement des comportements individuels. 
Mais voilà, cela suppose un effort personnel, cela suppose de se considérer comme un individu responsable. 
Et puis franchement, s’indigner c’est bien, mais ce n’est qu’un tout petit début ; s’indigner d’abord contre soi-même, c’est beaucoup mieux car « nous sommes le monde ». 
Décidément, tous nous dormons encore et il devient urgent de nous réveiller.

Isabelle Cantin -
Hridaya / Tous droits réservés / avril 2012